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Article intéressant tiré du livre de Liliane Lurçat


Une épidémie de dysgraphies ?

Selon Liliane Lurçat, directrice de recherche honoraire au CNRS, psychologue, spécialiste de l’écriture et du langage écrit de l’enfant : » L’apprentissage de l’écriture se fait par le lien entre le geste et le centre du langage dans le cerveau. Il nécessite une posture spécifique pour libérer le tronc, qui entraîne ensuite la main. L’apprentissage du geste se fait à la maternelle. L’écriture en script, par exemple, est à bannir car elle crée une discontinuité qui trouble la perception des mots.

Ensuite, à l’école primaire, le geste devient peu à peu porteur à la fois de forme et de sens. Le processus s’achève en début de collège avec l’acquisition de la rapidité. Malheureusement, on a abandonné la pédagogie systématique du geste.

On a fabriqué des dysgraphiques, à l’écriture illisible. »

Elle ajoute en ce qui concerne l’introduction de l’ordinateur et donc l’utilisation d’un clavier à l’école : " L’ordinateur trouble l’apprentissage de l’écriture. Les enfants d’aujourd’hui, justement parce qu’ils sont victimes d’une carence dans l’apprentissage premier, sont moins aptes à passer à l’ordinateur.

En effet, c’est au collège que se révèlent les problèmes de dysgraphie accumulés à l’école primaire. Ce n’est pas parce qu’ils savent jouer avec l’ordinateur qu’ils peuvent le maîtriser. Dans l’apprentissage normal, le dessin, la trajectoire, la rapidité et l’orthographe sont automatisés. Seul le contenu sémantique ne l’est pas. C’est en écrivant qu’un élève enregistre et accède au sens.

Si ces automatismes ne sont pas acquis, il ne peut y avoir de maîtrise du sens. Et il ne peut y avoir de mémorisation. » A lire dans un article du Figaro (2009)

Liliane Lurçat explique également : « L’acquisition de l’écriture par l’enfant est une étape essentielle de sa vie scolaire. L’écriture constitue le support de la plupart des apprentissages scolaires. Elle demeure par la suite un moyen privilégié d’expression et de communication.

L’acquisition de l’écriture est le résultat d’un long apprentissage qui débute à l’école maternelle par l’éducation de la trajectoire et s’achève quand l’enfant parvient à formuler sa pensée par écrit. Beaucoup d’enfants ne parviennent pas à ce stade, car il faut avoir automatisé le geste, la forme, la trajectoire, l’orthographe, la vitesse, pour que puisse s’exercer sans entrave le contrôle de la signification. C’est alors seulement qu’on peut s’entraîner à s’exprimer par écrit. »

Article du journal de Psychologie scolaire (1988)

Mais qu’en est-il sur le terrain ?

Selon, Laurence C., psychologue de l’Education Nationale, de très nombreuses demandes d’aide émanent d’enseignants de CP, affolés par la grande difficulté d’une grande partie de leurs jeunes élèves à entrer dans la maîtrise d’une écriture cursive… et plus inquiétant chez certains enfants, on peut observer une incompréhension quant à l’association de lettres pour représenter un son, pour former un mot entraînant des retards dans l’entrée dans le code écrit, dans l’acquisition de la lecture…

Des demandes d’aide qui perdurent de façon alarmante, en ce début de deuxième trimestre scolaire…

Une rapide enquête sur les pratiques d’écriture dans des classes maternelle, évoquent différentes pistes : – tenue incorrecte, dès le début de la prise d’outil scripteur en petite section, mauvaise tenue qui perdure pendants les trois classes de PS, MS et GS, – copie de mots voire de phrases en lettres majuscules d’imprimerie sans surveillance et sans guidage des tracés ni de l’ordre d’écriture des lettres : gestes et lettres mal formées voire inversées, première puis dernière lettres écrites puis celles du milieu… – une position assise inappropriée : enfants assis à genoux sur des chaises, ne faisant pas face au modèle, position du tronc qui ne permet pas une posture adéquate des bras, des avant-bras et mains ni un déploiement efficace des articulations pour tracer…

Liliane Lurçat détaille : » Quand j’écris, mon bras droit se déploie, entraînant ma main dans un mouvement somatofuge. Ma main gauche maintient la feuille, mon tronc prend appui sur mon avant-bras gauche. La main droite est active quand elle produit l’écriture, l’autre a une fonction plus limitée de point d’appui et d’équilibre. C’est l’inverse pour le gaucher, la main gauche est active et la main droite équilibrante. » – des outils et supports inappropriés, – l’utilisation répétées de fiches à remplir en format A4, demandant de miniaturiser des gestes pas encore exercés suffisamment pour être maîtrisés, souvent dès la petite section, sans aucun travail pédagogique en amont, – l’absence d’une préalable éducation du geste dans l’espace, sur des supports de grand format, affichés verticalement puis proposés horizontalement, à l’aide d’outils variés…

Et « the last but not the least », un enfant approchant son visage trop près de sa feuille, des lettres trop grandes qui ne suivent pas la ligne de base… nécessitent un simple contrôle de la vue. Celle-ci est si sollicitée pendant l’année du CP pour la lecture et l’écriture et de façon différente par rapport aux activités proposées à l’école maternelle, pouvant déclencher une myopie simple dite « scolaire »…

Toutes ces raisons sont possibles en l’absence d’un trouble de l’acquisition des coordinations, de troubles visuels, de difficultés de motricité générale, d’une dyspraxie motrice, visuoperceptuelle ou mixte c’est-à-dire d’un trouble développemental…


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